MOURIR DE JOIE
Le mois dernier, j'ai appris que ma blonde était enceinte. C'est avec un grand sourire qu'elle m'a annoncé la nouvelle. Ma blonde rayonne de joie.
Ta yeule Michel.
Quand elle m'a fait l'annonce, j'ai cru que j'allais mourir. Vraiment. Je ne veux plus d'enfant, j'ai déjà une fille de 9 ans et je ne me sens pas capable de vivre l'arrivée d'un nouvel enfant dans ma vie avec tout ce que ça comporte. Ma blonde a vécu des problèmes de santé à cause des anovulants qu'elle utilise et elle a donc fait des essais avec d'autres modes de contraception. Et la voilà enceinte.
Ta yeule Michel.
Ma blonde m'avait dit qu'elle ne voulait plus d'enfant. Mais quand elle a commencé à avoir du retard dans ses règles, j'ai bien vu qu'elle recevait ça comme une bonne nouvelle, comme un espoir. Moi, j'ai reçu ça comme un cauchemar. Comme une trahison. Sa joie s'amuse à narguer mon malheur. La fatalité vient de me mettre au visage la malhonnêteté de la femme que j'aime. Elle m'a toujours menti en me disant qu'elle ne voulait plus d'enfant.
Ta yeule Michel.
Je lui ai dit que je ne voulais pas de cet enfant. Elle a pleuré. Elle m'a dit que je suis un excellent père et qu'elle sait que je rendrai cet enfant aussi heureux que notre fille. Elle me parle comme si la décision était déjà prise. En fait, la décision est déjà prise. Je lui ai dit que je ne pourrai pas rendre cet enfant heureux, si je suis moi-même malheureux. Elle a encore pleuré. Elle m'a répondu que nous n'avions pas le choix, que nous devions prendre nos responsabilités et faire du mieux avec ce qui nous était imposé.
Ta yeule Michel.
Ma blonde ne se fera pas avorter. Elle l'a déjà fait une fois dans la passé, c'était avant de me connaître. Elle était alors en couple avec un homme qu'elle n'aimait pas et un soir un peu trop arrosé, elle ne s'est pas protégée. Elle m'a dit qu'il était hors de question qu'elle revive un avortement.
Ta yeule Michel.
Depuis que je sais que je serai père une nouvelle fois, tout est devenu noir. Je ne me suis jamais senti autant... Rien. J'aurais envie de disparaître, de partir loin pour ne pas avoir à vivre tout ça. Cet enfant de chienne de bonheur qui m'entoure me donne envie de vomir. Ce bonheur dit à mon malheur de se la fermer. Ce bonheur crie à mon malheur qu'il n'a même pas le droit d'exister.
Ta yeule Michel.
Hier, j'ai dit à ma blonde que c'était à mon tour de me faire avorter. Elle a pleuré. À chaque fois que j'aborde le sujet, elle pleure. Elle pleure à la pensée de ne pas garder cet enfant. Elle m'a demandé d'essayer de comprendre qu'elle portait une vie en elle, qu'elle voulait donner naissance à cet enfant et qu'il était inhumain de le tuer alors qu'il pouvait vivre dans une belle famille comme la nôtre.
Elle aurait mérité d'être obligée de garder son premier enfant. Elle aurait mérité de se faire imposer cette première grossesse non-désirée. Elle aurait mérité de voir son corps se déformer au moment où elle voulait conserver ses formes. Elle aurait mérité de devoir mettre en veilleuse sa vie professionnelle au moment où c'était sa priorité.
Elle aurait mérité de donner un mauvais père à son premier enfant et d'en vivre les conséquences. De se faire chier par un ex sans le sous, de vivre la garde partagée et ses courses effrénées.
Elle aurait mérité de se faire dire que son osti'd'malheur, on en a rien à foutre.
Mais elle n'a rien vécu de tout ça. Elle a pu se coucher sur le dos, détruire et faire aspirer son malheur. Moi, mon malheur, je vais devoir l'avaler et le jour où je le vomirai, je serai pointé du doigt. Je serai devenu l'irresponsable, le fuyeur, peut-être même le méchant violent. Je ne vous laisserai pas la chance de vous payer une tête d'homme de plus.
Ta yeule Michel.
Je vais devenir père contre mon gré. Je crois mieux comprendre les victimes de viol. Chaque jour, quelqu'un me pénètre les entrailles en me félicitant, en me forçant à devenir père. Je suis victime d'un viol collectif. Sans retenu, vous vous amusez à m'imposer la paternité, jour après jour, rencontre après rencontre. Tiens mon sacrament, t'aime ça devenir père une autre fois hein? Dis-le que tu aimes ça devenir papa! Voilà ce que vous me dites, en niant ma peine, mon malheur et ma souffrance.
Personne, personne câlisse a eu la décence de me dire que j'avais le droit de ne pas vouloir cet enfant. Personne, personne ne m'a demandé ce qu'il pourrait faire pour m'aider à convaincre ma blonde de se faire avorter. Personne, personne n'a pu me référer à un organisme qui m'aiderait à ne pas avoir à subir cette nouvelle paternité.
''Tu dois prendre tes responsabilités'' c'est ce que vous avez trouvé de mieux à me dire. Vous seriez crédibles à mes yeux si vous aviez le courage de dire la même phrase aux dizaines de milliers de femmes qui se sont faites avorter l'année dernière.
Ta yeule Michel que vous me dites. Ça, vous n'aurez plus à le répéter.
Vous ne serez qu'une bande d'hypocrites quand demain vous viendrez pleurer sur ma tombe. J'aurai alors ma revanche car j'aurai réussi à vous faire vivre un peu de mon malheur.
"Ta Yeule Michel !"
Tu as confronté l'individualisme féminin triomphant, à ta revendication d'un individualisme masculin, auquel tu voudrais des droits égaux.
Cela se défendrait en tant que critique ironique de l'individualisme féminin triomphant. J'en pense du mal en tant qu'apologie d'un individualisme masculin, qui à son tour repousserait plus loin dans l'absurde les moeurs à la mode.
La reproduction dépasse nos petites personnes, par essence.
L'égoïsme de ta blonde te bafoue, oui.
Cela doit être traité comme l'égoïsme de ta blonde, et l'échec permanent de votre relation de couple, jusqu'à présent.
Il y a eu trahison dans vos devoirs de loyautés réciproques.
Si le seul instinct sexuel suffit à fonder une grossesse, seules les loyautés fondent une famille. Or cela, personne ne vous l'a enseigné, à vous deux, ni n'a donné l'exemple.
Je n'ai pas à changer d'avis depuis mes articles précédents :
http://deonto-famille.info/index.php?topic=72.0http://deonto-famille.info/index.php?topic=7.0