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Jacques

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L'arme des évanouissements fort à propos...
* le: 30 décembre 2008, 12:42:42 *
* Modifié: 04 mars 2010, 10:55:12 par Jacques *
Citation
Jacques Lavau a écrit :
> http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=787.0
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> Nous en avions entendu parler vaguement, en cours d'histoire, c'était l'affaire du "collier de la reine", en 1785.
>
> Le cardinal Louis de Rohan, d'abord, décrit par Claude Manceron :
> ...
> « C'est un beau prélat, fort peu dévot, fort adonné aux femmes. »
> Il se croyait.
> ...
>
> Et le cardinal de Rohan trouvait qu'il n'avait pas encore assez de femmes dans son lit, ni assez de biens au soleil, il lui fallait de plus être favori de la reine - qui le méprisait solidement, mais il était trop bête pour le percevoir - et être nommé premier ministre par elle. Pourquoi premier ministre ? Parce que ça irait bien avec sa robe. Rohan n'avait pas la plus petite idée de la politique qu'il voulait faire, ni de l'état catastrophique des finances de la monarchie, ni le premier bout du début du commencement de l'ombre des moyens qu'il prendrait pour redresser les finances royales. Non, juste la fatuité : ça irait bien avec sa robe de cardinal.
>
>
> D'où revenait Jeanne de la Motte ?
>
> Le récit qui suit est largement dû aux Mémoires de Jacques-Claude Beugnot, alors avocat à Bar sur Aube, que Jeanne de la Motte utilisait occasionnellement comme sigisbeo. Jacques-Claude Beugnot (1761-1835) finira comme comte d'Empire et éphémère ministre de la Marine sous Louis XVIII, après avoir été député modéré à la Législative, et être entré au Conseil d'Etat sous le Consulat.
>
> .. Quand ces deux soeurs, on aurait dit Peau d'Âne et Cendrillon, étaient venues s'abattre six ans plus tôt à la misérable auberge de La Tête rouge, au terme de leur fugue hors de l'abbaye de Longchamp, où elles n'avaient pas voulu s'enterrer vivantes, c'est quasiment tout Bar-sur-Aube qui était tombé amoureux d'elles. « Elles avaient chacune un gros écu dans leur poche et une chemise de rechange pour toute garde-robe. » Or, on connaissait leur histoire, ici, puisqu'elles revenaient près du lieu de leur naissance et de leur enfance écrasée, dans la chétive masure de Fontette, au canton d'Essoyes, à quatre lieues de Bar-sur-Aube, « percée sur la rue d'une petite trappe par où les habitants leur apportaient, chacun à leur tour, de la soupe ou quelques aliments grossiers ».
> ...
> ... Et soudain, l'envol de la fusée. Les disparitions mystérieuses de plus en plus longues, les retours de Jeanne, qui changeait à vue d'oeil. « Je crus remarquer dans ses traits et dans ses manières quelque chose de tranquillisé; une pointe de hauteur s'y faisait déjà sentir.
> Cendrillon avait trouvé un carrosse qui la conduisait aux plus grands seigneurs, le cardinal-prince-évêque Louis de Rohan, mais aussi quelques autres; n'a-t-elle pas « obtenu une audience de M. le maréchal de Richelieu, qui encore aimable et toujours galant, lui a fait un accueil ravissant (sic). Elle fondait aussi des espérances de ce côté » : Richelieu venait de se remarier, à quatre-vingt-quatre ans, avec une jolie Lorraine de petite noblesse qui n'a que cinquante ans de moins que lui, et qui ne parvient pas, malgré une garde vigilante, « à chasser toutes les mouches bourdonnant encore autour du front du vieux libertin ". Beugnot commençait à rétrograder, toujours par fierté : « Voilà Mme de La Motte placée entre le plus vieux et le plus maladroit courtisan du siècle! II ne restait guère de place au milieu pour un petit avocat. » Mais elle l'avait relancé, par amitié, par calcul, et par quête d'un auditeur. Elle n'en était plus, à l'entendre, à des Rohan ou à des Richelieu, c'est plus haut, bien plus haut qu'elle « fréquentait », mais la morale n'y gagnait rien, Beugnot restait la bouche ouverte et n'osait plus poser de questions, de peur de comprendre, elle insistait déjà bien assez, la Reine, je vous dis, la Reine et moi...
>
> Jeanne de La Motte, qui est en situation de parler de tout à Rohan, puisqu'elle est sa maîtresse depuis quelques mois, le convainc, à partir de mars 1784, qu'elle couche avec la Reine.
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> La parole est à Jeanne de La Motte-Valois (cinq ans plus tard, à Londres, en 1789) : « Je n'avais point de secrets pour lui; il n'en avait point pour moi. Nous lisions mutuellement dans nos âmes celui de notre ambition respective; la sienne est connue de tout le monde, il voulait être Premier ministre, la mienne se bornait à être Dame de Fontette. »
> ...
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> Soyons plus brefs à présent.
> La femme très bien faite qui avait intrigué Beugnot, la modiste Nicole Leguay, venait de jouer le rôle de sosie de la reine, pour duper la flamme de Rohan, fugitive mascarade la nuit au bosquet de Vénus, ou allait bientôt le jouer. Cette orpheline maltraitée n'était pas une lumière.
>
> Le collier, monumental fleuve de diamants, les joailliers Böhmer et Bassenge l'avaient monté sur incitation verbale de Louis XV, à l'intention de la du Barry. Louis XV décédé, à qui fourguer ce bijou largement excessif ? Marie-Antoinette, dûment gourmandée par sa mère pour sa frivolité dépensière, le refusa, très à contre-coeur. Böhmer et Bassenge firent le tour des cours d'Europe, en vain. Ils sont au bord de la faillite. Retour à Marie-Antoinette...
>
> Ils envoient donc leurs négociateurs chez Jeanne de la Motte, qui a bien fait naître la rumeur qu'elle a de l'influence sur la reine. Jeanne flaire aussitôt l'occasion de s'emparer du bijou, et de le revendre par morceaux. Pour ne pas éveiller les soupçons, elle fait semblant de mettre le cardinal dans le coup, que c'est lui qui va l'acheter et en faire cadeau à la reine... Encore et toujours à coups de faux en écriture. Les faux sont écrits par Rétaux de Villette, sous la dictée de Jeanne.
>
> Son calcul était que lorsque le cardinal s'apercevrait, poursuivi par ces créanciers qu'il n'avait pas prévus, qu'elle l'avait roulé, il paierait sans rien dire. Seulement voilà, Louis de Rohan est bête, mais honnête, en plus d'être arrivé quasiment au bout de ses crédits... Bref, il sera arrêté en habits "pontificaux" et conduit à la Bastille, juste avant de dire la messe du 15 août 1785 à la chapelle royale. Emotion dans toute la France, scandale dans l'Europe entière.
>
> Jeanne de la Motte sera arrêtée à Bar sur Aube. L'incurie des enquêteurs laissera à son mari le temps de s'enfuir en Angleterre, où les agents secrets échoueront à l'enlever à Londres. Rétaux de Villette sera enlevé à Genève, et Nicole Leguay à Bruxelles, moyennant grasse corruption de la police locale.
>
> Moralement, la monarchie ne se relèvera jamais du procès désastreux qui suivit, au Parlement de Paris.
> Louis XVI aussi était de plus en plus abêti par ses bâfrées, ses chasses et ses loisirs, ne gouvernait que par bouffées, était incapable de calculer les conséquences de ses décisions et de ses bouffées. Ses ministres étaient de plus en plus médiocres et paralysés, après la désastreuse disgrâce de Turgot.
> ...
>
> Genèse de l'histrionique ?
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> Ultérieurement, à Londres, Jeanne prétendra avoir eu à faire face à des viols ou tentatives de viols par le marquis de Boulainvilliers, mais elle se contredit, notamment sur les dates. Vous détaillerez cela en lisant vous même ce tome 4 de "Les Hommes de la liberté", La révolution qui lève, paru en 1979 chez Robert Laffont. Je ne vous ai pas non plus recopié les épisodes de crises hystérique de Jeanne de la Motte, lors des interrogatoires et confrontations, où elle manque de peu de crever les yeux à Rétaux de Villette. Lisez.

http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=787.0

L'arme des évanouissements fort à propos - ici sur le passage des princesses, puis de Marie-Antoinette - est caractéristique des histrioniques. Nous l'avions appris lors du "débriefing" de nos stages de Licence. L'une d'entre nous était stagiaire au Lycée Fauriel, lycée huppé de Saint-Etienne, et était confrontée au numéro d'une de ces "tombeuses", ces adolescentes qui savent tomber en pâmoison au moment juste adéquat pour rétablir leur pouvoir sur la situation.
Le professeur, Dominique Ginet, intervint pour nous donner la conduite à tenir dans l'enseignement et l'éducation, devant ces numéros de tombeuses : pousser un bref coup de gueule "Tu fais ça chez toi tant que tu veux, mais pas ici ! Compris ?"

Caractéristique ? Sans doute faut-il établir un distinguo, probablement sur l'âge de l'entrée en histrionisme. En effet, le coup de la pâmoison, notre fille aînée ne nous l'a jamais fait. Elle en a fait bien d'autres, par exemple le coup de la "tentative de suicide" simulée, avec connaissances en pharmacopée suffisantes pour ne prendre aucun risque : au paracétamol...

Oui, mais voilà, elle n'est entrée en histrionisme et en mythomanie que fort tardivement, après avoir accepté à treize ans la mission parricide dont la mandait sa mère, pour s'assurer un veuvage mains propres mains nettes, pas vue pas prise... Et c'était un histrionisme où la perversion sexuelle n'était pas dominante, mais bien la perversion sadique.
Chez le pervers histrionique, le rackett parental porte sur la cruauté : "Tu m'aides à tourmenter et à éliminer tel parent, frère ou soeur ou grand-parent, et en récompense tu auras tels privilèges". Alors que chez l'histrionique sexuel, classiquement la future hystérique (moins fréquemment le futur hystérique) est devant le rackett : "Prouve-moi que je suis sexuellement irrésistible, en déployant toute ta séduction sexuelle pour moi, et en récompense je t'accorderai tels privilèges".  

Hé bien voilà, la comparaison avec Jeanne de la Motte-Valois nous a permis d'établir un autre critère de distinction entre pervers histrioniques et histrioniques à thème sexuel : pas ou très peu de symptômes psychosomatiques chez le pervers histrionique, assigné à séduction par le sadisme.

Il y aurait sans doute une autre catégorie à créer : les histrioniques mystiques, ceux qui savent se créer des stigmates, des plaies sanglantes, et toute cette sorte de choses. Mais là, je manque d'expérience. Qui prend le relais ?


Jacques

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Histrioniques mystiques et Münchhausen ?
* Réponse #1 le: 30 décembre 2008, 02:17:51 *
* Modifié: 30 décembre 2008, 02:19:24 par Jacques *
Citation
Il y aurait sans doute une autre catégorie à créer : les histrioniques mystiques, ceux qui savent se créer des stigmates, des plaies sanglantes, et toute cette sorte de choses. Mais là, je manque d'expérience. Qui prend le relais

A rapprocher éventuellement de ce bébé en grande souffrance relationnelle, qui commençait à saigner du nombril. Comme s'il cherchait à rétablir la physiologie d'avant naissance, avant les emmerdements.

A rapprocher certainement de ces enfants qui ne sont bien traités que quand ils sont malades ou blessés - par exemple en raison de la concurrence dans la fratrie -, et qui se rendent malades ou se blessent.

A rapprocher aussi des automutilations des schizophrènes précoces, décrits avec une précision saisissante par François Dumesnil, dans "Le traitement relationnel, au coeur des psychoses précoces". Les automutilations ont un caractère spectaculaire, donc répondent d'abord à un besoin relationnel, fort dévoyé hélas.