Auteur Lu 6921 fois

Jacques

  • *****
  • Néophyte
  • Messages: 29
La séparation d'un enfant de l'un de ses parents, par l'autre parent

Cadre éthologique et biologique comparé


Alors que c’est la règle chez les oiseaux, peu nombreux sont les mammifères qui élèvent leurs petits en couple : les renards, les loups, les loutres, les écureuils, les élans. Chez la plupart des espèces, règnent soit la charge totale de l’élevage sur la seule femelle, comme chez les ours, soit à la femelle encadrée par le troupeau, comme chez les zèbres, ou encadré par le harem, comme chez les otaries. Les primates sont les plus groupaux, suivis par certains carnassiers organisés en meutes consanguines (loups, suricates…). A l’exception du gorille jeune adulte, qui n’a plus de prédateurs de taille, un singe tout seul a bien peu de chances de survivre dans la forêt ou la savane. Nous humains faisons exception parmi les mammifères, à cause de notre énorme cerveau, et de notre immense temps d’apprentissages. Nous sommes des animaux extrêmement sociaux, qui n’arrêtons ni d’apprendre de nos congénères, ni de leur être fort liés par les sentiments. Nous, nous avons un cerveau qui réclame quinze ans de maturation biologique jusqu’à myélinisation du cortex frontal. Nous, nous avons un cerveau qui exige, adulte, le cinquième de notre métabolisme basal, soit vingt watts sur cent watts totaux,  et à la naissance, pas moins des deux tiers de notre métabolisme total. Tout comme un chimpanzé, nous pouvons fort bien mourir de chagrin.

Le groupe intérieur, et son appauvrissement

Bien que son substrat neuro-anatomique n’en ait pas encore été cartographié en entier, l’énoncé suivant a une grande valeur pour l’action du clinicien : L’individu est un groupe intériorisé, dont la psyché est soumise à l’épreuve des générations. Toute notre vie, nous incorporons, bien ou mal, les sentiments, les fantômes, l’expérience, les connaissances, la culture et les manières des autres. Un proverbe de clinicien, est que quand on a un individu dans son cabinet, on a au moins trois générations devant soi, au minimum jusqu’aux grands-parents. Le premier groupe qui nous façonne est le groupe familial d’origine. C’est notamment lui qui va nous apprendre les bases même de tout effort et de toute discipline, les bases morales du groupe familial que nous allons fonder à notre tour plus tard. Ou qui va défaillir à nous former…

Bien que l’association SOS Papa n’intervienne qu’après séparations et dans les divorces, l’aliénation et l’instrumentalisation des enfants comme territoire d’un des parents, voire dans une coalition intergénérationnelle pour maltraiter l’autre parent, peut survenir longtemps avant toute séparation, voire sans jamais de séparation. Ce genre de conflit parental permanent, ou famille schismatique, est l’un des moyens sûrs pour produire un enfant psychotique. Fait remarquable : dans ce cas de figure, un seul enfant à la fois dans une fratrie tombe dans le mode schizophrène – l’enfant le plus sensible ; toutefois, dès que le patient désigné va mieux, il est fréquent qu’aussitôt un autre frère ou une autre sœur plonge à son tour.
Il est également remarquable que les symptômes schizophréniques s’allègent spectaculairement si le conflit entre les parents s’apaise, et qu’ils commencent à se parler sincèrement.

Nous avons vu à SOS Papa deux exemples de coalitions transgénérationnelles plus rares :
Une mère coalisée avec son gendre pour nuire au maximum à sa fille,
Une mère excitant sa bru et sa petite-fille à maltraiter au maximum son fils, par passion misandre : « Mon fils n’est jamais qu’un mec, et les mecs, c’est comme cela qu’il faut les traiter ! »

Un divorce conflictuel est toujours une urgence psychiatrique, mais d’autres cas psychiatriques familiaux n’aboutissent jamais à un divorce. Leur proportion, autrefois prépondérante est en régression, grâce au divorce-boom. De nos jours, ce sont les divorces et séparations qui drainent vers eux les cas psychiatriques familiaux, et qui deviennent la plus grande occasion (ratée) de dépistage psychiatrique.

Règles du développement psychique. Ses avaries.

Pour qu’un enfant développe les bases de son psychisme, il lui faut des règles fiables et lisibles. En l’absence de fiabilité, dans une famille chaotique, il ne peut jamais se développer du tout ; telle est la pathologie dite « état-limite ». Les états-limites sont particulièrement épuisants à vivre, et constituent une proportion importante des foyers éducatifs. Ils demandent énormément, et savent toujours conduire au conflit.
Si l’enfant voit son père et sa mère discuter et argumenter en paix jusqu’à prendre une décision qui respecte chacun, alors il retient qu’il a le droit de développer sa propre opinion, et ses propres façons de raisonner, sans risquer d’être pulvérisé pour sa témérité. Il apprend l’indépendance de pensée, et la coopération en pratique.
Si au contraire il voit perpétuellement la guerre conjugale, et l’humiliation constante, puis l’extermination finale d’un de ses parents, il apprend à être faux et fourbe pour avoir des chances de survivre.

Or est venue à régner cette mode de cultiver l’intolérance, de pulvériser la cellule familiale selon sa fantaisie, et de divorcer ou répudier dès le premier pet en travers du cul. Cette mode relève de l’ethnopsychiatrie. En relève aussi l’attitude d’aveuglement envers la dite mode.

Selon la mode du divorce-boom, on a trouvé le coupable universel : c’est l’autre. On a trouvé le remède universel à toutes les difficultés de la vie : accuser l’autre devant le TGI, le bannir et l’exploiter à blanc. Dans 86 % des cas, l’initiative du divorce vient de la femme, qui garde tout :  la maison, les meubles, les enfants, et l’argent du banni. Matériellement, c’est une excellente affaire. Quant au développement des enfants, c’est une autre histoire. On est retourné à un modèle de famille non humain, celui des ours : la famille monoparentale. Les ours ont des besoins psychiques très inférieurs aux nôtres. Ils n’ont pas de vie groupale, ni de muscles faciaux pour exprimer des sentiments sociaux. En trois ans, leur croissance est faite : eux n’ont pas notre énorme cerveau à nourrir. A faire vivre nos enfant en famille ursidée, nous appauvrissons gravement leur « groupe intérieur », leurs ressources d’apprentissage.

D’abord, l’enfant apprend ainsi que la dialectique, ça ne marche pas, il ne reste que la toute-puissance du vainqueur, qui vous traite selon son bon plaisir, qui vous traite en pays conquis si ça lui chante. Vient la question de qui sera le tyran, le caïd tyrannique archaïque, qui soit un contre-prédateurs crédible. On voit certains garçons adopter dès huit ans ce rôle de caïd délinquant, par angoisse.

Dans certains cas de figure, le vainqueur – la mère dans 86 % des cas – s’empresse de reprendre sa vie de vagabondage sexuel d’adolescente.  Il faut entendre ce qu’est l’angoisse de l’enfant qui cherche à prévoir comment va évoluer la valse des nouveaux mâles dans le lit de maman…
Dans d’autres cas de figure, l’enfant se retrouve au contraire avec un glaçon perfectionniste, qui lui fait bien comprendre que la moindre allusion à son banni de père est sévèrement interdite. Là l’enfant se retrouve quelques années plus tard dans le cabinet du psychologue, avec quelques symptômes bien lourds, qui commencent à inquiéter la maman parfaite.
Les deux autres cas de figure principaux sont ceux où
3 - La mère forme un couple ou un groupe homosexuel, d’où toute présence masculine est éradiquée, et
4 – Le nouveau partenaire sexuel, mâle, revendique un rôle de patriarche archaïque, et entend éliminer le père réel de toute paternité. Les cas de violences physiques et de menaces physiques envers le père (et éventuellement sa nouvelle compagne) sont alors fréquents.

Les JAFes ont un autre truc pour verrouiller les avaries psychiques sur les enfants du divorce : décider que les droits de visites du parent banni s’effectueront à l’initiative de l’adolescent. L’adolescent est ainsi confirmé dans une position hiérarchiquement supérieure au parent éliminé. La règle a été découverte par les éthologistes chez les macaques du Japon, mais elle est générale à tous les primates : le singes de rang élevé répugnent à apprendre quoi que ce soit, venant d’un singe de rang inférieur. Notre adolescent promu à un rang hiérarchique supérieur à son père, n’apprendra plus jamais rien de son père. La transmission générationnelle du savoir et de la culture est définitivement rompue.

Ce procédé marche aussi pour interdire aux adolescents de plus rien apprendre de leurs professeurs : les convaincre qu’ils sont hiérarchiquement supérieurs aux profs, qu’ils ont tous les droits et zéro devoirs, que quoi qu’il arrive, leurs parents débarqueront au collège ou au lycée pour casser du prof… ça marche le tonnerre pour produire des prétentieux ignares et flemmards.

Le summum est atteint lorsque l’enfant est investi d’une mission parricide, au moins parricide psychique, parfois pire encore, lorsqu’il est chargé de jouer sa partie dans la campagne de calomnies contre le parent banni, dont il faut justifier le bannissement. L’enfant ainsi recruté doit biffer et falsifier la plus grande partie de sa mémoire biographique. On n’a pas fini d’en inventorier les conséquences au long cours : c’est la totalité du développement ultérieur de cet individu qui est massacré, dévoré par la corruption. Il ne saura plus jamais fonder une famille qui tienne la route. Il ne saura jamais tenir avec intégrité un poste de responsabilités et de commandement. Pour le restant de ses jours, il restera un corrompu, qui ne pourra plus s’empêcher de corrompre autour de lui.

De même que dans les autres cas de harcèlement moral – ou mobbing, terme employé par Heinz Leymann – bien que tout l’effort du sadique organisé tende à avarier au maximum la victime désignée, et si possible à suicider le harcelé, au long cours ce sont les complices du harcèlement qui sont le plus gravement avariés dans leur psychisme. Ils sont prisonniers à vie du mal qu’ils ont fait à l’autre, à leur filiation. Ils sont de fait le principal but de l’action sadique : ils deviennent le cheptel du (de la) mobster en chef.

En revanche, deux pathologies sont sans lien direct avec la séparation d’un des parents, mais restent dues aux pathologies parentales antérieures à la séparation :
La toxicomanie, et le schéma de vie de dépressif majeur.
Le toxicomane est aux prises avec le fardeau de la problématique des deux générations précédentes, et de deuils impossibles, refermés en cryptes. L’âge moyen de l’entrée dans la toxicomanie (19 ans) est celui où se pose le problème de quitter des parents endommagés et/ou rejetants. Sa dynamique reflète l’évolution de la relation filiale : en moyenne trois ans pour que le toxicomane consulte un soignant pour rompre le lien avec le toxique.
Pour fabriquer un dépressif majeur, il vaut mieux être un couple qui fonctionne plutôt bien comme couple sexuel, mais qui s’entend sur le dos de l’enfant, et qui le rejette en commun. L’enfant est dressé à acheter constamment chaque semblant de geste d’amour parental, à se dévouer toujours aux besoins de ses parents. L’épisode dépressif majeur survient de préférence lorsqu’il perçoit que quoi qu’il fasse, il n’obtiendra jamais l’amour parental qu’il a constamment quémandé et acheté, notamment après le décès du parent ou des parents avares d’attentions.

Je n’aborde pas le cas de la prostitution, faute d’éléments de connaissances.

Enfin une conséquence constante de la privation autoritaire de père, de l’appauvrissement drastique de son « groupe intérieur » n’est pas considérée par la psychiatrie, mais saute aux yeux de l’auteur de la présente fiche, car il est lui-même un créatif :
L’enfant tombé sous la toute-puissance de la mono-parentalité devient plus intolérant aux autres, plus raciste, beaucoup plus conformiste, beaucoup moins créatif, beaucoup moins curieux, beaucoup plus soucieux de paraître, incapable de remettre en cause son savoir-être déficient, nettement lâche et froussard. Il sait être fusionnel avec un groupe ou une secte, il peut devenir oppositionnel, il peut fuguer, il peut s’engager dans la Marine pour cinq ans, mais il ne sait plus se penser distinct, et ne sait pas non plus coopérer de façon dialectique, en dépassant les conflits. L’insincérité est devenue son mode de vie : il a trop d’inavouable à camoufler.
Il a intégré la leçon : quoiqu’il arrive, tout est toujours de la faute de l’autre, qu’il est si facile d’accuser. Sa mémoire biographique est trouée et falsifiée. Il est extrêmement réticent à explorer les bizarreries de sa filiation, il rejette sa généalogie. Sur le plan scolaire, on le voit rejeter l’Histoire, souvent la Géographie aussi (elle implique trop de curiosité envers les autres peuples, les autres conditions de vie).

Alors que vous reste-t-il, comme moyen d’action, si vous êtes le parent déjà banni ?

D’abord trouvez le moyen d’être indestructible. Ne donnez plus d’autres joies ni d’autres triomphes à l’entreprise sadique. Restez vivant : c’est vous qui êtes le seul recours de vos enfants, quand à leur tour ils tenteront de résister à l’emprise de Sa Toute-Puissance. Préférez-vous que le seul recours après votre suicide télécommandé, soit une secte ? Ou un proxénète ? ou un vendeur de psychotropes toxiques ? Ceux-là raffolent du marché créé par le divorce-boom.

Donnez leur à envier votre bonheur nouveau : reconstruisez une nouvelle vie sans eux, qui soit heureuse. Vexés, ils vont ruser pour chercher à percer votre secret.

Et puis, peut-être que vos enfants n’ont encore jamais vu de leur vivant un couple parental qui soit un couple à mœurs saines. Faites discrètement savoir que vous avez su constituer un nouveau couple, qui est sain, lui, où les partenaires sexuels se respectent l’un l’autre. Que vos enfants aient vu cela au moins une fois dans leur vie.

Vous n’aviez jamais su écouter l’autre ni lui faire sa place avec toute la bienveillance et la générosité qu’il faut ? Il est grand temps d’apprendre. C’est une attitude de base, qui doit être servie par une technique, et la technique s’apprend en une demi-journée. Donnez-vous un calendrier de progression. Entre six mois et deux ans, vous devriez avoir réussi l’objectif de savoir écouter au moins trois fois plus que vous ne dites.

Votre enfant est autoritairement coupé de tout son passé. Vous, retissez les liens avec toute votre parenté, y compris avec la parenté de sa mère. Faites votre propre génogramme. Pointez les répétitions du passé que vous-mêmes avez été contraint à refaire ; identifiez les fantômes et les cryptes que les vieux secrets inavouables de votre propre famille vous ont implantés malgré vous dans votre psychisme. Préparez ainsi tout l’accueil de votre enfant, pour l’année où il voudra enfin y voir clair dans les pièges où il/elle a été enfermé(e).

Militez pour la médiation familiale. Militez contre la vogue du divorce accusatoire comme remède universel à toutes les difficultés de la vie. Tôt ou tard, vos enfants l’apprendront, et finiront bien un jour par capter le message. Militez contre la dégradation de l’appareil judiciaire dont vous êtes victime, et contre son jeanfoutrisme. L’injustice aux affaires antifamiliales est celle qui rapporte le plus à cette administration (par les dépens qu’elle prélève), tout en ne coûtant rien au contribuable, tant elle est bâclée et expédiée n’importe comment. Militez pour que la corporation des avocats (5 avocats pour un magistrat) perde beaucoup de pouvoir, au profit des médiateurs. Militez pour que l’Etat et l’Université développent des formations de médiateurs qui tiennent la route. Votre malheur individuel s’inscrit dans un malheur général et collectif : agissez en citoyen responsable pour cette collectivité de victimes.

Occupez-vous d’autres enfants, donnez-leur le meilleur de vous mêmes, ils sauront bien vous le rendre. Prenez cent fois le risque qu’on amplifie les accusations délirantes de pédophilie ; n’en ayez rien à branler, de cette joie de nuire de ces fanatiques de la haine. Dans les écoles de nos banlieues à problèmes, les enfants sont vivement demandeurs d’adultes qui encadrent leurs jeux, d’adultes qui encadrent leurs activités, qui leur apprennent des sports, ou à nager. A elle seule, l’école de la République ne suffit pas à toutes les tâches, ajoutez y vos propres forces. Vous avez perdu vos enfants, pensez aux autres enfants. Soyez présent pour interrompre des bagarres, soyez présent pour interrompre des maltraitances d’enfants tout autour de vous, soyez présent pour prévenir et corriger les incivilités dans le bus ou le métro.

Rendez attractif le nom que vous avez légué à vos enfants, et que leur mère n’a pas encore pu leur arracher. Publiez, ou inventez, créez, fondez, signez vos toiles ou vos photographies… Faites que les enfants calculeront qu’ils ont intérêt à se rapprocher de la gloire de leur père, et pas seulement à profiter de la rançon que vous le banni, vous versez chaque mois.

Fait à Vaulx en Velin, dimanche 26 juin 2005.