Déontologie pour la famille

Synthèses plus réfléchies => La santé mentale au coeur => Discussion démarrée par: Jacques le 15 février 2007, 10:46:23

Titre: La perversion du lien, vue par des bouddhistes.
Posté par: Jacques le 15 février 2007, 10:46:23
La perversion du lien
vue par des bouddhistes, à http://bouddhismes.info/13.html

Comment un disciple vivrait-il une relation d’aide ou de guidance spirituelle qui se serait établie avec un moine, un autre disciple, ou un maître bouddhiste qui présenterait discrètement ce type de désordre psychologique à la limite de la psychose et de la perversion narcissique qu’est la perversion du lien ou violence perverse ?

Mais qu’est ce qu’un pervers narcissique ? Selon Marie-France Hirigoyen : « Les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes, qui trouvent leur équilibre en déchargeant sur un autre la douleur qu'ils ne ressentent pas et leurs contradictions internes qu'ils refusent de percevoir. Ils "ne font pas exprès" de faire mal, ils font mal parce qu'ils ne savent pas faire autrement pour exister. »

Et qu’est-ce que la violence perverse : « La violence perverse, qu'on l'appelle harcèlement moral, harcèlement psychologique, cruauté mentale, méchanceté, maltraitance psychologique, mobbing , sous toutes ses formes, cette violence est une atteinte grave au respect de l'autre et à la dignité humaine. »

Voici maintenant le courriel très attentif qui amène ce sujet au cœur du débat. Son auteur qui m’a conseillé sur ces sujets de la violence perverse est psychothérapeute et a beaucoup travaillé sur ce type de sujets. Il est souvent confronté à ce type de problème de la perversion du lien par exemple dans le cadre de violences familiales ou ailleurs, voici un large extrait de son message :

" La vraie question de la dépendance se joue du coté de cette perversion narcissique. Les pervers de ce genre sont des prédateurs... On dit le pervers narcissique et son complice... Car la force de ses personnes c'est de faire de leur victime un complice pris dans le jeu de la séduction et qui ne sais pas très bien de quoi il retourne.... Au sortir d'une telle épreuve la blessure narcissique est si grande qu'elle conduit au rejet, à la dépression voire au meurtre ou au suicide.... La religion, quelle qu'elle soit est un lieu de prédilection pour ce genre de personnage, qui réussissent en général à atteindre un certain niveau de responsabilité pas forcément le plus haut car ils doivent garder une part d'ombre pour mieux agir, ils sont dans l'ombre du maître.... Mais il arrive que ce pervers soit le maître lui-même… »

J’ai demandé à mon interlocuteur quelques lectures sur ces thèmes. Il m’a suggéré de partir du portail « poil de carotte » qui étudie attentivement ces problématiques dans lme cadre familial en particulier.

Voici un premier texte suggéré par ses soins : http://a.pdc.free.fr/article.php3?id_article=9

Pour approfondir : l’œuvre de Paul-Claude Racamier qui a beaucoup travaillé sur ces questions http://www.carnetpsy.com/Archives/Colloques/Items/p41.htm

Voici enfin la mise en garde trouvée sur le blog http://merteuil.skynetblogs.be/
consacré à ces questions d’un point de vue pratique et qui m’a également été suggéré comme une piste possible de réflexion :

« Certaines personnes de par leur profession offrent une garantie de respectabilité. Il paraît difficile de ces conditions de douter de leur générosité et de leur altruisme. L'image que nous avons de ce genre de profession est celle de personnes ayant consacré, voire "sacrifié" leur vie aux autres. La logique est simple: par un raccourci, nous en venons à penser que ce sont des personnes "bien", et pas des manipulateurs. Pourtant, un nombre impressionnant de manipulateurs se cachent derrière ces statuts sociaux honorables. Quel meilleur statut que celui de: policier, prêtre [on peut ajouter ici : moine bouddhiste, lama ou maître d’une autre tradition du bouddhisme], psychologue, médecin, enseignant...Quelle meilleure couverture? Comme nous fonctionnons selon un schéma social bien établi, depuis l'enfance, l'automatisme faisant le reste, ces personnes nous surprennent en utilisant leur position de pouvoir, que nous respectons, et à qui nous accordons notre confiance. La plupart du temps, notre confiance est légitime, mais parfois, ces professions cachent des manipulateurs hors pair. Ces êtres-là abusent de leur pouvoir. Vous ne les décèlerez pas d'emblée. Un laps de temps est nécessaire pour confirmer les premiers soupçons....A vous d'être vigilant, de vous protéger, et d'exclure cette fausse idée que : "derrière une profession respectable se tient toujours un homme ou une femme respectable." »

Les personnalités perverses narcissiques, voire exerçant des violences perverses sur autrui seraient aussi caractérisées par la manipulation. Selon le blog cité ci-dessus seuls 3% environ de la population présenteraient les caractéristiques du manipulateur, et ces 3% seraient répartis également entre hommes et femmes.


La violence perverse

Voici la page du site « Poil de carotte » consacrée à la présentation de la violence perverse http://a.pdc.free.fr/violenceperv.htm

« La Violence Perverse
mardi 19 octobre 2004

Qu’on l’appelle harcèlement moral, harcèlement psychologique, cruauté mentale, méchanceté, maltraitance psychologique, mobbing , la violence perverse, sous toutes ses formes, est une atteinte grave au respect de l’autre et à la dignité humaine.

Le harcèlement dans la sphère privée
Il existe plusieurs associations contre le harcèlement au travail. Mais qu’en est-il des victimes du harcèlement privé ? Paradoxalement, alors que la famille ou la personne avec qui l’on a un lien d’amour est censée nous aimer, nous réconforter, nous protéger, il arrive, qu’au contraire, l’on soit brimé, insulté, rabaissé. La personne profite de ce lien pour en retirer du pouvoir, de l’importance à nos dépens.

Une attitude déstabilisante
Très souvent les sentiments que l’on ressent ou le lien de dépendance qui nous lient à cette personne nous empêchent de comprendre, de prendre conscience, de réagir. Le pervers narcissique, sous des dehors souriants et une apparence aimante, arrive à détruire une personne par des paroles d’humiliation, des ambiguïtés, des mots qui tuent, des situations qui ont l’apparence de la normalité mais que l’on sent confusément illogiques sans vraiment savoir en quoi.
Son attitude est déstabilisante car il n’y a pas franchement de la méchanceté : égoïsme et excuses s’alternent, méchanceté et embrassades se suivent si bien qu’on ne sait plus. Un accès de fureur ici, un regard angélique ou surpris tout de suite après. On vous fait un cadeau tout de suite après une crasse. Si vous restez dans le dépit, vous devenez le ou la rancunière. Si vous doutez, vous êtes parano. De toutes façons vous ne comprenez pas ! vous n’avez pas d’humour, vous n’êtes pas moderne, vous avez l’esprit mal tourné ! voire vous êtes le fou.

Que se passe-t-il en vérité ?
C’est l’ambiguïté qui vous met mal à l’aise et c’est elle qui permet à l’agresseur de nier : les choses sont toujours faites à la limite de la Loi, à la limite de l’insulte, à la limite de l’humour...Quelque chose lui permettra de s’en sortir si vous vous plaignez : on trouvera un ton gentil pour dire une crasse. Un mot d’amour dit sans amour, ou dans la même phrase deux affirmations contradictoires etc. Et puis, l’agresseur se présente toujours comme souffrant plus que vous. Ça pleure, ça se plaint, ça se lamente...ça vous vole la vedette quand vous avez envie de parler de vous.
L’agresseur dit que lui-même souffre, et souvent, oui, ce sont des gens qui ont été démolis dans leur enfance ou détruits par la jalousie mal assumée par rapport à un frère ou une sœur. Même si cette personne souffre, elle fait preuve d’un manque de respect pour sa victime. Celle-ci n’est pas appréhendée en tant que personne libre. L’agresseur tente de lui imposer sa volonté par la force ou par les larmes, par la pitié, parfois par des cadeaux inappropriés ou impossible à rendre.

Un préjugé : la fragilité de la victime
La victime n’est pas quelqu’un de fragile, contrairement à ce que l’on croit : c’est quelqu’un de généreux, qui apporte chaleur et Amour. Quelqu’un qui aime et qui a du cœur. Toutes les victimes rencontrées sont des personnes qui ont du caractère, du tonus. En un mot : de l’énergie et c’est bien de cela qu’il s’agit : elle a été choisie pour ça !
Si la victime se sent épuisée, ce n’est pas dans sa nature, c’est seulement que le pervers ou la perverse qui l’a choisie arrive à lui aspirer son énergie. La difficulté, c’est que souvent la victime croit en l’Amour, à son pouvoir transformateur, guérisseur etc. Que de déception lorsque des années après, on se rend compte qu’on a jeté des perles au pourceau ! L’autre n’a pas changé ! il est, elle est insatiable. La plupart des victimes ont pensé que le problème venait d’elles, elles ont tenté de se " soigner ", elles n’ont pas été crues, ou le psy leur a demandé de se poser des questions sur ce qui, en elles, a provoqué cette relation.

La force du pervers : un instinct très fort et troublant, certaines victimes sont effarées et il leur semble que leur agresseur a une sorte de clairvoyance démoniaque : si on tente de déjouer son attention, on a l’impression qu’il sait tout. Lorsqu’il sent que vous allez vous en aller, lorsqu’elle pressent que vous avez compris, la fureur redouble !
Heureusement, de plus en plus de psychologues se forment à cette forme toute spéciale d’agression. Le psychanalyste EIGUER raconte dans ses livres comment ses propres patientes sont arrivées à le déstabiliser alors qu’elles étaient venues soi-disant se soigner !

Le climat relationnel
Cette violence perverse finit par dégrader considérablement le climat relationnel et l’image de soi. Elle crée des conditions relationnelles déplorables qui ont des conséquences désastreuses sur la santé psychique de la victime. Car la grande stratégie du pervers, c’est que chaque fait pris isolément peut passer pour une broutille et on peut même vous reprocher une mauvaise interprétation ou d’avoir l’esprit tordu. Le plus souvent c’est l’agresseur qui se pose en victime. La santé s’altère, on peut assister à une somatisation de la souffrance psychologique (asthme, obésité, eczéma, psoriasis) même lorsqu’on est adulte.
A la longue ces attaques mettent en péril la santé physique et psychique de la victime. »

Liens utiles sur ces sujets : http://a.pdc.free.fr/liens.php3


La difficulté d’obtenir des témoignages

Comme me le disait le psychothérapeute qui m'a aidé à présenter ce sujet par ses conseils : "la plus grande difficulté est que l'on n'arrive pas à croire que cela existe, voire que c'est possible..."

Ce thème est souvent traité désormais dans le cas de maltraitance familiale, c'est un sujet brûlant, pourquoi n'interrogerait-on pas aussi attentivement et normalement les pratiques au sein de groupes spirituels de ce point de vue ?

La question sur les divinités courroucées n'est qu'une des options ici, et qui a été traités sur deux autres pages de ce site (ombres secrètes, mais aussi crimes rituels). Il y aussi le rapport au pouvoir en général dans le type d'institutions du bouddhisme où les amis spirituels disposent d'une certaine autorité sur leurs disciples...

Mais peut-être l'ensemble est-il maladroitement présenté, c'est possible, probable, même. Le problème du vocabulaire se pose. Et aussi celui du paradigme. Plusieurs sujets aussi en un...
Mais aura-t-on jamais LE vocabulaire pour en traiter ?


Visiblement on touche à quelque chose de sensible. Quant à garder la pudeur, c'est une nécessité, les émotions s'élèvant asez fortement avec ce sujet.

Des formes plus quotidiennes et peu spectaculaires de violence perverse, de perversion du lien existent-elles au sein du bouddhisme dans certaines de ses communautés ? Ce ne sera pas facile d'obtenir que les victimes s'expriment sur l'espace public des forums. Le silence parlera ici autant que les messages. Bien que nous recevions parfois des e mails personnels, il est plus rare que les intéressés aient le souhait d'exposer leurs souffrances. C'est une situation un peu comparable, dans un tout autre registre, à celle des internats catholiques dans les années soixante et soixante dix où se sont produits les affaires de pédophilie et d'abus sexuels (des violences perverses typiques). Il a fallu plusieurs décennies de plus pour que la parole se libère, avec quelques procès retentissants en Europe et en Amérique du Nord (USA et surtout Canada). Cela a marqué le déclin de ce type d'institution.
Il se pourrait que les participants des forums Internet, de confessions bouddhistes, répugnent à exposer les blessures intimes, des atteintes à leur intégrité morale, et ces questions qui leurs sont relatives, tout comme le tabou était total dans le corps professoral des institutions de l'enseignement catholique privé et, partiel, chez les jeunes élèves victimes.
Il s'agit à la fois d'une gêne, mais aussi d'un tabou au sens anthropologique. Les participants des forums préfèrent parler en public de vies antérieures, de vacuité et de nirvana. C'est plus agréable, plus convivial. Evoquer les abus, surtout ceux dont ils furent éventuellement victimes semble peu gratifiant.
De plus le bouddhisme aujourd'hui dispose de sa propre industrie : centres du Dharma avec structures ad hoc, boutiques du Dharma proposant de coûteux et rémunérateurs articles de piété, système de congrégations religieuses suggérant aux adeptes les plus âgés la donation de leurs biens à la congrégation après leur décès. Parler des abus, de la violence et des personnes victimisées n'intéresse pas du tout on le comprendra une communauté plurielle qui chercherait avant tout à survivre sinon à se développer. Elle pourrait être tentée d'encourager le silence de chacun au nom du bouddhisme.

Exposer les victimes serait pour beaucoup dans ces milieux comme se tirer une balle dans le pied. Il faudra cependant le faire, car sans cette transparence qui est dûe à tous, les générations qui viennent comprendront à demi-mot que se renouvèle la même chape de silence qui a précédé par exemple l'exposition des pratique secrètes par leurs jeunes victimes, puis le déclin rapide des internats de l'enseignement catholique.

Si les adeptes, les sympathisants et les bénévoles du boudhisme continuent de laisser pourrir la situation, préférant la loi du silence à la vérité crue, il est possible que les abus, voire les violences, qui éclaboussent le monde du bouddhisme en Occident sonnent un jour le glas des centres du dharma et des activités qui leurs sont désormais liées.
Car cette nébuleuse d'activités n'est basée que sur l'image avantageuse et la réputation en or de cette tradition bimillénaire du bouddha. Bien entendu nous n'espèrons pas que les marchands de zafu et de thèmes astrologiques dharma (proposés il y a quelques temps à 50 euros sur l'excellent forum, notre confrère annuaire du bouddhisme) nous donnent raison, car ils préfèrent - pour que leurs affaires continuent - le silence à la parole...

Quelques mots du dalaï lama (qui nous parle ici du Tibet) et qui montre bien que cette position est partagée à sa manière, au sein même d'une de ces institutions par son plus éminent représentant :

" Officials used it [dharma] for their lives, monks, nuns and lamas for their lives. Inside, in their inner world, they were like ordinary people, lusting and hating. So the dharma became a poison in this way.
When there is too much focus on the Buddhist institution, and the country goes to waste, that's what it means when people say Buddhism ruined the country."
(Entretien du Dalaï Lama avec Robert Thurman, Rolling Stone, May 24, 2001)

En français :

"Les officiels l'utilisaient [le dharma] pour gagner leur vie, les moines, les nonnes et les lamas pour gagner leur vie. A l'intérieur, dans leur monde intime, ils étaient comme des gens ordinaires, désirant avidement et haïssant. Ainsi le dharma était un poison de cette manière.
Quand l'accent est trop mis sur l'institution bouddhiste, et que la nation va au désastre, c'est dans ce cas que les gens disent que le bouddhisme a ruiné leur pays."
(Entretien du dalai lama avec Robert Thurman, Rolling Stone, May 24, 2001)