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Du Narcissisme pyramidal, et de la criminalité qui en découle.

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Jacques:
Du Narcissisme pyramidal, et de la criminalité qui en découle.

Trente-huit millions de morts de faim en Chine en temps de paix, années 1958-1960, années du "Grand bond en avant", contre six millions de morts de faim en Ukraine en temps de paix, années 1932-1934.

Dans les deux cas, les survivants ont pratiqué l'anthropophagie.

Incontestablement Mao l'emporte sur Staline, dans la course à l'horreur gouvernante. Il faut tempérer cette inégalité par le fait que la Chine était plus peuplée que l'URSS, et que les pourcentages de pertes sont moins éloignés que ne le sont les pertes absolues. Au sens de l'histoire belge où "Liége, c'est pas une si grande ville que ça !"...

Si on réexamine les faits du point de vue du psychopathologiste, il est bien connu que la catastrophe alimentaire de l'Ukraine est due à la paranoïa de Joseph Staline. Et la paranoïa est une maladie mentale définitive et incurable (baptisée trouble de la personnalité) reconnue par le DSM, qui dans sa version IV y consacre cinq pages.

Mais Mao Zeu Dong n'était pas paranoïaque. Juste d'un narcissisme asiatique et pyramidal. C'est aussi une maladie mentale reconnue par le DSM et par la CIM-10, mais en quatre pages seulement, et du bout des lèvres, comme à contre-coeur par la pratique médicale en général.

Ce qui nous pose un problème difficile, c'est la fascination, voire l'idolâtrie groupie que Mao a provoqué aussi en Occident, chez nombre d'intellectuels, de jeunes surtout - y compris moi-même qui ai quelque peu participé de l'illusion générale. Tous les "Mao m'a dit", d'Edgar Snow, et autres. En physique, nous avons le parallèle avec Gorges Lochak, qui s'est répandu en "Broglie m'a dit" alors que Broglie lui-même était un homme modeste, mais qui n'a hélas pas su résister au groupisme, à l'idolâtrie dont il était entouré. La correspondance avec ledit physicien m'a laissé sur un malaise certain : justement, l'investissement narcissique est évident chez lui. Orgueil et vantardise...

Un chef d'orchestre américain aussi, assistant de Stravinski, s'était fait une gloire en publiant un "Stravinski m'a dit". Gloire éphémère, car qui s'en souvient ? Son nom m'échappe, et Gougueule n'en a conservé trace en langue française : Robert Craft si vous faites la recherche en langue anglaise. Gloire postiche surtout, car on le considérait comme plutôt médiocre. Il s'était attaché aux derniers pas de Stravinski, comme chef d'orchestre assistant, notant tout, et a publié du vivant de Stravinski, qui laissait faire. Autant ce fut le drame historique de Louis de Broglie que d'être incapable de déjouer l'exploitation narcissique que sa cour faisait de lui, autant Stravinski semble bien avoir été moins innocent, à demi-complice.

En savons-nous assez pour ébaucher une description du contrat de narcissisme, liant le narcisse à son groupie ? Pouvons-nous lier ce phénomène au contrat inégal et unilatéral d'incestualité, tel que décrit par Paul Claude Racamier, où l'enfant est l'ustensile du narcissisme d'un père ou d'une mère ?

J'ai sous les yeux l'exemple de ma mère, toujours débordante d'enthousiasme pour nous raconter en long et en large comment elle participe à la gloire de telle artiste ou de tel architecte, ou de tel officier. J'ai sous les yeux son courrier de vantardises adressé à son frère, où elle me compose une biographie de fantaisie, pour la tourner à sa gloire propre. J'ai donc sous les yeux une problématique narcissique, avec tous les truandages qui en découlent.

Mais en savons-nous assez pour comprendre la genèse de la personnalité narcissique, comme grâce à Racamier, nous comprenons maintenant assez bien les pathologies familiales incestuelles ?
Hélas non, je ne vois rien. D'autres ont peut-être trouvé la solution, mais à ce jour je n'en ai encore rien su.
En savez-vous davantage ?

Par comparaisons, on peut en apprendre davantage sur l'aspect politique de la fascination par Mao. Rappelons-nous le congrès de Tours en 1920, et la scission de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière) en SFIO maintenue, et parti communiste dirigé de fait par Moscou. Encore dans les années 70-80, c'était l'acte de naisssance du PCF que cet acte de foi : "D'accord, chez nous le socialisme a échoué, et presque tous les chefs du socialisme français (allemand, autrichien tout aussi bien, du reste) ont trahi l'internationalisme, et se sont jetés dans une Union sacrée dirigée par la bourgeoisie, MAIS il y a un pays où le socialisme a réussi ! Soyons donc dans la fusion avec la glorieuse Union Soviétique !"

Ce qui nous pointe du doigt la blessure narcissique primaire, ici subie par les militants socialistes des années vingt. En l'état actuel de nos informations, c'est généralisable : groupie comme leader narcissique communient par leurs blessures narcissiques primaires. Le leader exhibe qu'il a la force et la puissance, le groupie se rallie pour participer de ladite force et de ladite puissance à titre de postiches, étant incapable de faire grand chose par lui-même.

Nous n'oublions pas la profonde déprime qui a abattu nombre de nos camarades communistes après la chute du mur de Berlin en 1989 : leurs illusions ne tenaient plus, et comment vivre sans ces illusions ?

Certains soutiennent, et en l'absence de documents qui soient vraiment d'époque, on ne peut trancher, que l'invention du christianisme par des juifs militairement vaincus et expulsés de leur pays, procède du même détournement, que la foi communiste : « Non ! Notre chef n'était pas un chef ni politique ni militaire, et il n'a pas été vaincu, Nous l'avons refait en rabbi errant, prêchant l'amour universel sans ambitions politiques ! Non ! Il n'est pas vraiment mort sur la croix, car il est ressuscité ! Non ! On n'a pas perdu vraiment Jérusalem, car nous allons vers la Jérusalem céleste ! »

Cf. « Non ! Le socialisme n'est pas vaincu, car il a été réalisé dans un seul pays ! Et l'internationalisme aussi a été réalisé dans un seul pays »

Dans tous ces cas de maladie narcissique collective, nous avons rencontré ces mêmes fraudes au quantificateur : l'un est confondu avec le multiple et l'universel. Arthur Koestler avait souligné, dans « Le zéro et l'infini », en mettant cela dans la bouche du directeur de la prison Gletkine, que ce qui était réprimé par les purges staliniennes, c'était d'avoir mis un terme à cette confusion de personnes : « Il suffit que tu dises « vous » et non plus « nous », que tu te sépares mentalement de nous, pour que nous sachons que nous devons t'emprisonner ».

On pourrait aussi se demander si la fraude au quantificateur est au centre des divers « esprit de corps » que nous rencontrons dans une société réelle, et si les bizutages d'entrée n'ont pas pour but de s'assurer qu'on ne laisse entrer dans la profession et ses privilèges que des complices sûrs, qui adhèrent aux mêmes fraudes. J'ai des raisons de répondre par l'affirmative, par exemple quand je vois l'exploitation des réflexes et clins d'yeux de l'esprit de corps par certains ripoux, mais cela demanderait un autre développement.

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