Le blog de Serge Hefez :
http://familles.blogs.liberation.fr/hefez/2007/10/adn-quand-tu-no.html14/10/2007
La paternité ADN et ses conflits inextricables
L'ADN, encore et toujours.
Toméo a 22 ans. Comme de nombreux jeunes gens de son âge, il a deux pères. Son histoire officielle est la suivante : il est issu d'une liaison tumultueuse mais sans lendemain entre sa mère et Giuseppe, un bel Italien venu à Paris pour faire des études. Au même moment cette jeune femme commençait à fréquenter Eric, un garçon qui allait devenir son mari et le père de ses futurs enfants.
Giuseppe n'a à cette époque aucun projet de paternité, mais il accepte de recevoir son fils tous les ans pour une quinzaine de jours de vacances. Toméo est reconnu et élevé par son beau-père avec qui il noue une relation de très grande qualité (c'est d'ailleurs lui qu'il appelle papa), tout en maintenant un lien affectif fort avec son «vrai» père et avec l'Italie qu'il considère comme sa deuxième patrie.
Il y a quelques mois, une conversation avec sa mère sur son histoire d'amour avec Giuseppe fait surgir un malaise chez Toméo, un doute s'insinue dans son esprit, il se heurte à des dates qui ne correspondent pas.
Il revient de son séjour estival italien avec un curieux butin : une poignée de cheveux et des rognures d'ongle de son père. Quelques clics sur Internet, un contact avec un laboratoire suisse, un colis expédié. la réponse lui parvient rapidement : Giuseppe n'est pas son père biologique, mais alors pas du tout, à 0%... !
Un deuxième colis vite envoyé lui révèle la vérité : son «beau-père» est en fait son «vrai» père. Sa mère lui a menti : elle savait parfaitement que l'Italien ne pouvait pas être le géniteur, mais elle désirait avant tout maintenir un contact avec lui, ne pas perdre sa trace. Son fils est devenu la courroie de transmission qui les a gardés en relation. Déflagration familiale : Giuseppe fou de rage veut couper tout contact avec son fils supposé. Eric est anéanti par l'idée que son statut de beau-parent ait creusé une distance inutile entre lui et son fils. Toméo se sent totalement instrumentalisé et s'abîme dans une haine destructrice vis-à-vis de sa mère, haine qui diffuse à l'ensemble des femmes : il rompt avec l'amie qui partageait sa vie depuis deux ans.
Cette histoire exemplaire en ces temps troublés où l'ADN est censé nous renseigner sur la véracité des liens familiaux souligne à nouveau la complexité de la fonction paternelle. Et fait surgir, au-delà du père biologique qui fournit les spermatozoïdes, du père symbolique qui transmet le nom, du père affectif qui élève l'enfant, un quatrième père : celui que la mère a dans la tête ! Son absence d'existence tangible n'entame en rien l'importance de sa présence psychique.
Mais Toméo est surtout le précurseur d'une nouvelle ère qui s'ouvre à nous depuis peu et dont l'amendement Mariani n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Tapez donc sur Google «test de paternité» et vous verrez apparaître plus de 2 000 000 d'entrées ! beaucoup vous conduiront vers des laboratoires étrangers vantant les mérites de leurs analyses. Coût du test : entre 150 et 400 €. Fiabilité quasi absolue : 99,99 %.
Ce marché en plein essor sera sans aucun doute de plus en plus employé par tous ceux qui voudront connaître avec certitude leur filiation biologique : plus de 250 000 tests de paternité sont ainsi effectués chaque année aux Etats-Unis. Cette pratique est certes interdite en France, mais des dizaines de laboratoires anglais, suisses, allemands ou néerlandais proposent leurs services.
Selon les rares études menées, les fausses paternités constitueraient entre 0,8% et... 30% des déclarations de naissance. Je vous laisse imaginer les retombées de ces découvertes autour des héritages, des pensions alimentaires mais surtout de la paix des familles et du désarroi grandissant qui entoure la définition des «vrais» parents...
Si nous savons tous à quel point la filiation biologique a peu d'importance par rapport à la filiation sociale, les représentations de la «voix du sang», mais surtout la législation qui privilégie aujourd'hui la paternité ADN, vont conduire à des confits inextricables.
Et si le droit aura un rôle majeur à jouer, nous aurons à revisiter toutes nos conceptions de la famille et de la parenté.
Serge Hefez
Bin oui quoi à la fin ! Nous-les-femmes, nous sommes toutes des victimes, donc nous-les-femmes avons droit à mentir et à ruser pour parvenir à satisfaire nos quatre volontés !
Nous-les-femmes, nous sommes toutes des victimes, donc nous-les-femmes avons droit à instrumentaliser les enfants au service de nos caprices et fantasmes ! Et qui s'y oppose est une
crevure masculiniste !
Evidemment renvoi à notre
code de déontologie familiale,
et la question centrale de la
loyauté, co-fondatrice (avec la biologie) dans les familles humaines.
Cette histoire en est une illustration parfaite.