Et pour s'improviser thérapeute bref externe ?
Ce n'est pas si sorcier.
D'abord, vous devez apprendre à écouter de façon active. C'est le principe de base de Carl Rogers. Si vous ne savez pas encore faire cela imperturbablement, même quand cela vous est difficile et vous remue, inutile de poursuivre, vous resterez nul(le).
Ensuite, quand par cette écoute attentive, les procédés des tortionnaires à contrer vous seront connus, vous devrez contrer les actes et les intentions de ces tortionnaires. Cela, appelons-le le principe de Sironi. En effet, dans le cadre du Centre Georges Devereux, Françoise Sironi est en France pionnière de la psychothérapie des victimes de la torture. Avec eux,
le coup de Freud, non seulement cela ne marche pas, mais c'est clairement une faute professionnelle.
Donc renoncez au culte de la passivité et de l'irresponsabilité tels qu'on les enseigne chez les freudiens. Acceptez l'idée qu'il faut mouiller votre maillot, et engager votre intelligence et votre affectivité.
Votre intelligence ? Un guide fiable demeure notre
analyse en réflexivité, qui vous permet d'évaluer votre recul envers vous-même, votre maturité relationnelle, votre recul envers votre autothéorie.
Franchissons un degré dans la réflexivité, en nous élevant au point de vue ethnopsychiatre. Depuis des dizaines de milliers d'années, nos ancêtres avaient des thérapeutes brefs, qui réussissaient souvent : des anciens du village, des chamans, des hommes-médecine dont la parole et les gestes guérissaient. C'est un métier de sénior, d'homme expérimenté, qui sait partager de l'imaginaire et de l'inconscient, pour restaurer à la fois la communauté et l'individu. Leur éthique de l'action intégrait toujours le sens de l'équité et la justice, le respect de l'équilibre de la communauté avec son environnement naturel. Leur guide a toujours été une vision développementale, indispensable pour faire grandir un individu et lui faire franchir les étapes qui bloquaient.
Aussi bien à l'âge chamanique qu'à notre époque moderne, le défaut le plus grave, la plus grave contre-indication aux prétentions à guérir son prochain, demeure le narcissisme. Toute tâche psychiatrique dépasse notre petite personne. Et cela encore davantage que notre reproduuction et l'éducation de nos enfants, qui déjà dépassent largement notre petite personne.
Je suis fils de misandre victimaire, et frère de matriarque absolue, toutes deux narcissiques, égocentriques, vaniteuses. Comme elles sont imbues de leur omniscience innée en psychologie et de leur supériorité innée, leurs oeuvres orales - voire écrites - sont un parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire. On pourra en savourer des extraits au chapitre
Les guignols de la malveillance.
Tous les psychothérapeutes familiaux, nous avons tous la même motivation : "
Ma famille d'origine, je n'ai jamais eu en main les forces indispensables pour la remettre d'aplomb, mais cette famille qui est aujourd'hui dans mon cabinet, je vais bien réussir à la mettre en état de vivre et de laisser développer !" Tandis que si vous avez pour mobile de lui démontrer votre supériorité et/ou votre mépris, vous ne ferez que du mal, et perdrez tout votre crédit auprès de vos victimes. Il sera alors inutile de vous plaindre que votre illuminée théologie ne rencontre plus qu'incroyance et moqueries, car l'imposteur est toujours le narcissique, et vous vous êtes déjà trahi.
Si votre unique modèle de famille et de relations demeure la lutte à mort pour le pouvoir et la suprématie, inutile d'apprendre des trucs et recettes de psychologie : de toutes façons vous resterez un personnage nuisible, et incapable d'accéder à la maturité. De toutes façons vous ne ferez rien de grand avant d'avoir changé du tout au tout vos valeurs et leur mise en pratique.
Ensuite, vous devrez apprendre quelques principes déontologiques de base. Vous êtes bénévole, et non pas professionnel ? Cela ne vous autorise pas à vous départir de la déontologie et des obligations des professionnels.
Notamment, vous aurez à tenir le cadre, et à le défendre contre les attaques. Ceux qui ont une problématique incestuelle, et notamment les pervers, ont le génie d'attaquer et pulvériser le cadre thérapeutique. Ce sera à vous de faire la preuve que vous êtes résistant et tenace sous ces manoeuvres.
Ce qui laisse quand même en suspens la question : quel cadre au juste pour quelles pathologies ? Sachant que les progrès techniques ont souvent été obtenus par modification d'une règle auparavant tenue pour sainte et intangible. Vous êtes bénévole et inexpérimenté ? Donc laissez cette question à des pros, expérimentés. N'innovez pas sur le cadre, prenez modèle sur des professionnels qui réussissent dans des cas similaires.
Des professionnels qui réussissent ? Des modèles portatifs ?Quand j'étais gamin, la presse relatait le cas du gamin aux U.S.A. qui enlevé pour rançon, s'était échappé, et avait fait prendre les ravisseurs par la police. On l'interroge sur son exploit :
"
Oh ! Je me suis demandé comment aurait fait Hopalong Cassidy, pour s'évader à ma place ! J'ai donc usé et rongé mes liens, mais ça a été beaucoup plus long qu'à la télévision !"
Nous aussi, nous devons avoir nos McGyver dans la tête, pour nous demander comment McGyver aurait fait, si c'était lui qui avait eu à démêler le cas complexe qui nous fait trébucher.
Typiquement : Cloé Madanes, Milton Erickson, Bill O'Hanlon, Carl Whittaker, Virginia Satir, Murray Bowen... Des gens qui n'avaient pas peur de mettre les mains dans le cambouis.
A suivre !