C'est un vieux fil de discussion, datant d'août 2005, que je retrouve aux archives. Le fil d'origine a disparu.
Un homme en divorce cherchait à comprendre le comportement "maternel" fort pathologique de la femme dont il divorçait.
Marie lui faisait une première réponse, et je fis la seconde.
Que pensez-vous de tout cela ? et de cette mère ?
Pour ma part je ne vois que deux façons d'expliquer le comportement de la mère de tes enfants.
1- Elle a réussi à se persuader qu'elle a raison et que tu représentes réellement un danger pour les enfants. Et elle est à "fond" dans son rôle de mère protectrice. (l'appel en divorce pour le fric m'a fait légèrement douter ce cette possibilitée)
2- Elle cherche à te faire payer, financièrement et psychologiquement, peut-être qu'elle estime avoir des griefs contre toi qui mérite une "punition" de cet ampleur, ou peut être qu'elle te fait souffrir uniquement parce qu'elle en a "les moyens". ...
Le mobile général de ces conflits délirants qui forment ces divorces acharnés, selon mes connaissances, c'est la toute-puissance : la revendication de toute-puissance et d'omniscience innée.
La toute-puissance est l'état normal du nourrisson qui peut d'un cri faire surgir et obéir les géants nourriciers. Puis peu à peu la mère prend de l'indépendance, voire de l'étourderie, et se sort de la symbiose mère-nourrisson. De plus en plus et tout au long de sa vie ensuite, l'enfant doit séjourner parfois dans ce que D. Winnicott a appelé la position dépressive : non, on n'est pas tout-puissant, non, on n'est pas le seul homme ni l'unique centre d'intérêt dans la vie de maman, non, on n'a pas déjà tout compris... Dans l'évolution normale, cela n'implique pas de détresse durable ni insurmontable. Dans l'évolution normale, on apprend à apprivoiser la position dépressive, et à en faire un usage créatif et constructif. Mais la division sexuelle du travail depuis quelques millions d'années dans notre espèce et dans celles qui l'ont précédées, a fait que l'exposition aux déconvenues apportées par la résistance du monde réel à nos fantasmes, est inégalement répartie selon les sexes, selon les âges, selon les classes sociales et les métiers.
Quels sont donc les principaux acteurs, qui ont fait que l'exigence de toute-puissance s'est généralisée chez les pseudo-adultes, qui deviennent massivement plus infantiles ? J'en vois deux :
- Les marchands et les publicitaires,
- le féminisme triomphant.
Je vais détailler quelles carences culturelles et morales cela représente, et le comment du second point.
J'ai déjà détaillé au message
http://www.forumsospapa.org/phpBB2/viewtopic.php?p=8942&highlight=#8942 la perversité du pouvoir des publicitaires :
Un français moyen reçoit dans toute sa vie environ 300 messages sur ses devoirs. Cela uniquement à l'école primaire, et seulement si on y pense.
Alors que la télévision, et surtout la pub, lui collent plusieurs dizaines de milliers de messages par an sur ses droits. Il a le droit de consommer ce qu'il lui plait, comme il lui plait, et tout mieux que ses voisins. Il a le droit de ridiculiser père et mère, surtout père, c'est plus fashion.
Les droits et les devoirs individuels ne jouent vraiment pas dans la même catégorie.
De même, le métier de la presse féminine, est de vendre aux annonceurs des milliers de cerveaux de femmes, toutes disposées à claquer des fortunes en frivolités qui les rendront plus glamour et encore plus triomphantes. Evidemment que la mission des rédactrices est alors de flatter le plus possible la vanité et l'égocentrisme des lectrices, pour le profit des annonceurs.
Le marchand flagorne, donc pour plaire aux marchands, pour leur vendre beaucoup d'espaces publicitaires, les rédacteurs aussi, les rédactrices surtout, flagornent le narcissisme. Partout on vend l'idée que vous, vous ne devez endurer aucune frustration, aucune remise à votre place.
Je devrais détailler ici l'emprise de la société du spectacle : tout est pour de faux. Nos enfants jouent à simuler des acteurs qui simulent des sentiments, puis plus tard ils draguent de même : en simulant des acteurs qui simulent. Le temps-cinéma triche, et nos enfants ne savent plus discerner la différence. En temps-cinéma, un compositeur voit sa symphonie exécutée peu après la composition, au lieu de trois ans plus tard : nous sommes au cinéma. En temps-télévision, une église se construit en 45 secondes de mosaïque d'images. Dans la société du spectacle, la vulgarisation scientifique ne s'intéresse plus aux faits, mais à la théâtralisation : qui vainc qui ?
Il arrive parfois qu'un journaliste, ou un autre étranger à la profession de psychologue, voit des choses qui avaient échappé aux spécialistes, car il a pu accéder à un autre corpus de faits, s'éclairer différemment. Ainsi Nancy Friday, dans son livre « Jealousy » (traduit chez Robert Laffont), a observé la grande différence entre les socialités des jeux de garçons et des jeux de filles, donc des traditions culturelles séparées, bien différentes. Plus récemment, il a été à nouveau souligné par plusieurs chercheurs, combien la compétition féminine est à base de commérages et de ragots, alors que la culture masculine est faite de coopération complexe et élaborée pour des tâches dangereuses, sans accorder une importance démesurée aux compétitions de courage et de performances physiques.
L'entrée des femmes dans le travail salarié les a-t-elles fait entrer dans le monde de la coopération franche, loyale, fiable ? Voire !
Toute clinicienne expérimentée qu'elle soit, Claudine V. a été surprise quand j'ai exposé, lors de la soutenance du mémoire « Oh ! Que loiseau agaçait le loup ! Et que le loup avait envie dattraper loiseau ! », (adresse
http://jacques.lavau.perso.sfr.fr/oh_loup_oiseau.pdf) que l'enjeu des guéguerres picrocholines de forum était de rétablir sa toute-puissance. Point.
En fait, j'avais mis là en évidence un phénomène bien plus général que ne le sont les forums internet. Simplement, c'est un médium écrit, dont les écrits sont analysables à loisir, alors qu'une rixe de rue, une algarade de bistrot, ou une scène de ménage échappent très vite à l'analyse. J'ai un gros corpus d'observations, environ 140 cm d'épaisseur de classeurs bien serrés, cela m'a permis une observation et une synthèse nouvelles, centrées sur les conflits les plus irrationnels.
Mais pourquoi et comment, malgré l'entrée massive des femmes dans le monde du travail, l'idéologie de la toute-puissance n'a-t-elle pas régressé chez elles, bien au contraire ? C'est quoi l'arnaque ? Il faut regarder ce que sont les liens transgénérationnels, et leurs effets cachés.
Un des plus beaux effets cachés, est conté par Jacques-Antoine Malarewicz, pages 83 à 94 de son « Supervision en thérapie systémique ; le thérapeute familial et son superviseur » (ESF, 1999) :
La thérapeute est bloquée. Sa cliente l'utilise parce qu'elle ne parvient pas à se séparer de son amant. Le jour où son mari s'est aperçu qu'elle avait toujours eu des amants, il a pris une maîtresse... Et le nez dans le guidon, la thérapeute est bloquée, rien ne bouge plus. Après étude du génogramme, JAM lui fait jouer le rôle de sa cliente, et ils mettent bientôt en évidence que le problème réel, moteur, est avec la génération précédente. La cliente est en difficulté avec le deuil de sa mère, dont la mort s'annonce : en effet, elle reste encore en compétition de féminité avec elle, n'a pas encore réussi ni à se faire faire un enfant adultérin, ni à refiler un enfant adultérin à son mari pour le lui faire élever. Sa mère reste donc victorieuse de la compétition...
Ce cas là est plus pittoresque que les autres, mais le fait général est qu'autour du deuil (deuil le plus souvent anticipé, de nos jours) de nos parents, des choses étranges se produisent. Dans le meilleur des cas, ce sont des habiletés du défunt qui sont incorporées : se mettre à confectionner d'aussi bon gâteaux que Maman. Dans le cas de parent persécuteur, ce peuvent être les habitudes de persécuteur, que l'on se met à reproduire de plus belle. Adolf Hitler en est un exemple célèbre. Mon épouse est un exemple moins célèbre.
L'arnaque généralisée, c'est le triomphe social du féminisme. Quels sont alors les carences culturelles et les défauts de sa môman féministe et misandre qu'on incorpore ?
- L'habitude de la guérilla conjugale,
- Le recrutement des enfants dans la guerre conjugale
- Le renvoi sur l'autre de toutes les responsabilités de ce qui ne va pas,
- La toute-puissance devant des enfants peu nombreux, si faciles à dominer, à éblouir, à rabaisser, l'addiction à la relation inégale facile,
- L'addiction aux commérages médisants, entre femmes,
- L'hostilité à l'autre genre sexé, le mépris total de ce que l'autre peut bien faire et savoir,
- la pauvreté culturelle, soit de femmes qui ne travaillaient pas à l'extérieur, soit qui ne travaillaient qu'entre femmes semblables, toutes de même origine sociale.
Voici l'entrée en fraude d'une carence culturelle, d'une idéologie fémino-féminine de femmes qui ne travaillaient pas, n'étaient confrontées à aucun adversaire plus résistant, plus coriace que leurs propres enfants, qui évitaient tout apport culturel d'origine autre que féminine. Une féministe est irrémédiablement collée à sa môman, en particulier les féministes actuelles, de seconde, troisième ou quatrième génération. Un féministe aussi, du reste. Tellement collés, tellement sectaires qu'ils évitent toute occasion de prendre conscience de leurs carences abyssales.
Le résultat conjugal et familial, est que la problématique narcissique envahit tout, écrase tout. Il ne reste plus de place pour l'amour solide ni durable, plus de place pour l'amour altruiste des enfants, et encore moins du conjoint, plus de place pour l'aveu de faiblesse, ni l'aveu de besoin d'amour. Il ne reste plus de place pour l'apprentissage des habiletés manquantes, plus de place pour apprendre les valeurs d'autrui, ni les épreuves de réalité d'autrui... A vivre dans l'imposture et la fraude permanentes, ces narcissiques en viennent à vivre dans la terreur permanente d'être démasquées. Ce qui redouble leur peur de l'autre et leur haine de l'autre.
Ton ex-femme te hait, mon épouse (ex-épouse, depuis) me hait juqu'à la fin de ses jours, elles nous couvrent de calomnies, parce que nous sommes des preuves vivantes qu'elles ne savent pas tout, ne comprennent pas tout, ne sont pas supérieures à tous, qu'elles ne sont pas l'ultime mesure de Tout. Cela, elles ne nous le pardonneront jamais.