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Jacques

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Note de lecture : Hurni et Stoll
* le: 24 avril 2006, 10:23:46 *
* Modifié: 29 août 2017, 11:25:17 par Jacques *
En janvier 2006, j'aurais dû rédiger la note de lecture suivante (Il y en a des choses que je devrais faire avant-hier !) :
Maurice Hurni et Giovanna Stoll. Saccages psychiques au quotidien ; Perversion narcissique dans les familles. 2002, L'Harmattan, Paris.
Pages 207 à 261, ils revisitent le cas Dora, relaté par Sigmund Freud dans Cinq psychanalyses. Ils le revisitent avec leur expérience de patients pervers, sous l'éclairage des concepts créés par Paul Racamier, notamment celui d'incestualité.
Freud fut là entièrement manipulé et mystifié par le père Bauer, qui l'utilisait pour que Dora ne fisse plus d'obstacles à ses jeux incestueux et adultérins. Le marché réel que le père Bauer voulait faire tenir par sa fille était "Cède aux avances de Monsieur K. qui en échange me laisse coucher avec sa femme !".

Sur SOS Papa, au premier semestre 2005, on avait vu de même le cas de "Que Faire", ex-"Inmaculada", qui voyait sa mère faire alliance avec l'ex-mari de "Que Faire", pour la priver de son enfant.
C'est quoi, des parents comme cela ? Des parents en communion de sadisme ou de perversité incestuelle contre leur propre enfant, oui...

Hurni et Stoll développent la description du vide intérieur du pervers, qui se vide de tout affect, par sa virtuosité à exporter l'enfer, à manipuler les autres pour les engeigner. Un chapitre est consacré au problème médical de la vulnérabilité du médecin devant des patients pervers.
Hurni et Stoll ébauchent le lien de la pathologie individuelle avec la culture, avec les porteurs sociaux de la culture de la perversité. Il reste amplement à faire dans ce domaine. Le principal de mes derniers essais à ce sujet, reste à http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/Joie_de_nuire.htm.

Une piste à explorer, serait de distinguer entre la structure perverse individuelle, et les emprunts de routines et de conduites de perversité. Autrement dit, il nous faut emprunter aux méthodes de l'ethnopsychiatrie. Cela ne nous simplifie pas la tâche, mais c'est indispensable pour dépasser les banalités inefficaces.

Prenons l'exemple de l'avarice. L'Avare de Molière a été précédé par celui (Aulularia) de Plautus, dramaturge romain qui vivait sous la république, de 254 à 184 AC. Trente-quatre ans de mariage m'ont appris que contrairement à ce que les dramaturges avaient brocardé, l'avaricieux n'est pas quelqu'un qui aime (trop) l'argent (ce qui ferait de l'avarice une pathologie strictement individuelle), mais un pervers qui a trouvé une façon socialement sans danger pour lui, socialement bien acceptée, pour agir sa haine de son prochain, et faire souffrir au maximum ses proches et ceux qui sont dans son rayon d'action. Or justement, l'avarice romaine se dissimulait aisément sous l'âpreté au gain et la rudesse au travail, vertus aux origines même de l'agriculture dans le Latium, et à la fondation de la bourgade de Rome.
Reformulons-le en termes plus généraux, réemployables : l'avaricieux romain, ou du 17e siècle, empruntait aux conduites répandues en son temps, ayant une connotation favorable de saine économie, afin de nuire et d'exporter la souffrance. En bon pervers, l'avaricieux ne souffre pas : il fait souffrir.


C'est pareil avec ces virtuoses de l'exclusion parentale : ils/elles ont trouvé autour d'eux/elles des astuces pour manipuler aisément les juges ou les experts, voire ont trouvé aisément des complices en perversité. Ici et maintenant, c'est massivement l'idéologie féministe qui sert de pavillon de complaisance :
"Nous sommes toutes des victimes ; nous devons toutes nous venger de l'oppression et de la domination, sur chaque mâle qui est sous la main, et facile à faire souffrir..."

Possibilités d'action : sur l'idéologie perverse, lui faire perdre son hégémonie culturelle.
Sur la pathologie individuelle ? J'avoue ma totale perplexité. Si j'avais des solutions pour reprendre ces cas graves de perversité paranoïaque, je serais preneur. D'une manière générale, on manque cruellement de "success stories", de récits de succès, dans le traitement des paranoïas de la maturité. La pharmacopée des antipsychotiques (efficaces sur les délires des schizophrènes) est sans effet, sauf tout au plus sur les crises délirantes aiguës.

En fait, il faut accepter le fait, inconfortable, qu'il faut agir sur l'environnement social du paranoïaque, récompenser ses actes authentiques, bloquer ses actes nuisibles, retirer un à un ses pouvoirs de nuire, mais lui donner des réassurances de sécurité individuelle. Voir par exemple la façon dont Henri Ford II a repris en main la compagnie fondée puis ruinée par son grand-père devenu paranoïaque : Ne t'inquiète plus, grand-père, je suis là, et je gère bien l'héritage !
Autrement dit, agir en fonction de critères éthiques, indiscutablement éthiques.

Et l'éthique n'est pas dans l'air du temps, qui est plutôt cynique et anti-pensée. Il suffit d'écouter les publicitaires pour en avoir trente preuves par heure.

Jacques

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Nouvelle note de lecture : Hurni et Stoll ? Ou intox sexiste ?
* Réponse #1 le: 28 mars 2008, 07:53:07 *
* Modifié: 28 mars 2008, 07:56:56 par Jacques *
http://www.popline.org/docs/144419
Mais je ne suis pas sûr d'avoir compris ni la nature ni le contenu du document dont voici le résumé :

Citation

Title: [The manipulators] Les manipulateurs.
Author: Tschui M
Source: FEMINA. 1997 Jan;2:23-5.
Abstract: During their long careers of counseling couples, Giovanna Stoll and Maurice Hurni have encountered couples in which psychological violence is exercised. Their book, The Hate of Love, the Oddness of the Place, explores strategies used in couples by one or both partners to subjugate the other and to be victorious in an ongoing struggle between the two. Two case examples are presented. Confronted with such deliberate meanness, health professionals long ago adopted a neutral stance on such behavior in an attempt to maintain professional distance from their clients. However, Stoll and Hurni abandoned their neutrality in the face of certain particularly brutal behaviors. The author describes Stoll and Hurni s professional experiences and the children of manipulative parents. The employer who pits his employees against each other is also discussed. Such manipulators are unable to have true friends, just as they are unable to live within loving, communicative relationships. They behave in calculated fashion, having only relationships which they deem to be useful and opportune. Respect, the capacity to give and receive, and empathy are alien notions to those who manipulate others. 40% of 1500 women aged 20-60 years old interviewed in a study of violence within the family report having been subjected to psychological violence during their married lives. 14% of these women report being either often or always sad. Women risk being denigrated, humiliated, harassed, controlled, and deprived.
French Abstract: Au cours de leur longue expérience de la thérapie de couple, Giovanna Stoll et Maurice Hurni se sont trouvés face à la violence psychologique exercée parmi des couples. Leur livre « La Haine de l'Amour, la Perversion du Lieu » analyse les stratégies déployées au sein du couple par l'un des partenaires ou par tous les deux pour assujettir un partenaire et se poser en vainqueur d'un combat toujours recommencé. Deux exemples de cas sont présentés. Confrontés à la méchanceté délibérée, les spécialistes depuis longtemps ont adopté une attitude neutre afin de garder une distance professionnelle de leurs clients. Mais, Hurni et Stoll ont décidé d'abandonner leur neutralité quand ils trouvaient inacceptable la brutalité de certains comportements. L'auteur décrit l'expérience professionnelle de Hurni et Stoll et le cas des enfants de parents manipulateurs. Le dirigeant pervers qui pose ses employés les uns contre les autres est aussi considéré. Ces gens manipulateurs ne sont pas capables d'avoir d'amitié réelle, de la même manière qu'ils ne peuvent pas vivre de relations amoureuses dans lesquelles il existe de la communication. Au lieu de connaître les mouvements désintéressés et spontanés, ils ne connaissent que les relations utiles et opportunes, les complicités qui leur rapporteront un avantage. Le respect, la capacité de donner et de recevoir, et l'empathie sont des notions étrangères aux pervers. 40% des 1500 femmes âgées de 20 à 60 ans qui ont été interrogées dans une étude sur la violence dans les familles ont déclaré avoir subi des violences psychologiques pendant leur vie conjugale. Parmi ces femmes, une sur sept se trouve toujours ou souvent triste. Les femmes sont à risque du dénigrement, de l'humiliation, du harcèlement, de l'atteint à leur autonomie, des privations ou des brimades économiques, du refus de participer aux tâches domestiques, du contrôle de leurs activités par le mari, et des tactiques utilisées pour imposer le pouvoir dans les décisions quotidiennes.
Language: French

Apparemment, il s'agit d'une manipulation de l'antériorité et du parrainage moral de Hurni et Stoll, pour faire une campagne de propagande sexiste, afin de dresser les lecteurs au réflexe conditionné : "Mâle = manipulateur ; femelle = victime".