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Jacques

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Les sectes, ça commence parfois sans bruit...
* le: 12 mars 2008, 12:58:49 *
http://www.lesoir.be/supplements/swarado/le_dossier/des-sectes-qui-seduise-nt-et-2008-03-11-583372.shtml

 Les sectes, dedans ou dehors
HUWART,ANNE-CECILE

mardi 11 mars 2008, 10:21
Anonymous organise vendredi une fête pour protester contre l'Eglise de Scientologie. Michèle Bastin a écrit un livre pour raconter sa douloureuse expérience au sein des Témoins de Jéhovah.Le phénomène sectaire fait beaucoup parler de lui. Mais il commence parfois sans bruit.

Des sectes qui séduisent et effraient

Ce samedi 15 mars, à Bruxelles et ailleurs, le collectif « Anonymous » organise une fête devant l'Eglise de Scientologie. Une manière de critiquer cette organisation que certains considèrent comme une secte. Et les sectes peuvent aussi vous concerner Un dossier d'ANNE-CÉCILE HUWART

Tout a commencé par une vidéo de Tom Cruise sur internet. L'acteur y vantait les bienfaits de l'Eglise de Scientologie, une organisation puissante évoquée comme « sectaire » lors des travaux de la commission parlementaire belge sur les sectes (1997). Des pressions ont été exercées pour que la vidéo soit enlevée. La résistance s'est organisée, avec Anonymous, un groupe de « hacktivistes » (hackers activistes). « La scientologie est très puissante, elle dispose de beaucoup d'argent, explique un membre d'Anonymous. Elle n'hésite pas à attaquer en justice tous ceux qui osent la critiquer ».

Le collectif est né aux Etats-Unis, avec des canulars, comme des blagues téléphoniques, des fausses commandes de pizzas ou le piratage des sites internet. Celui de la chaîne américaine Fox en a par exemple fait les frais.

« Anonymous » compte plusieurs milliers de personnes à travers le monde, dont de nombreux jeunes.

Le 10 février, ils se sont réunis devant les sièges des Eglises de Scientologie, dans différentes capitales du monde. A Bruxelles, une trentaine de personnes ont protesté devant le bâtiment de la rue de la Loi. Ils remettent le couvert ce samedi 15 mars, avec une surprise party en l'honneur de l'anniversaire de Ron Hubbard, le fondateur de la Scientologie.

« Une vidéo à usage interne »

Du côté de l'Eglise de Scientologie, on considère « Anonymous » comme un groupe de cyberterroristes. « La vidéo de Tom Cruise n'était pas destinée à être diffusée, explique Fabio Amicarelli, directeur du Bureau européen des Affaires publiques et des Droits de l'homme de l'Eglise de Scientologie. La diffuser sans respecter les droits de copies est illégal. Par ailleurs, Anonymous répand des mensonges à notre égard ».

La Scientologie a été créée aux Etats-Unis. Elle propose un ensemble de pratiques relatives à la nature de l'homme et sa place dans l'univers. Son statut diffère selon les pays.

En Belgique, cette organisation est dans le collimateur de la justice. Douze personnes physiques et deux personnes morales (« L'Eglise de Scientologie de Belgique » et le « Bureau des droits de l'homme de l'Eglise de Scientologie ») ont été inculpées par le parquet fédéral pour extorsion, escroquerie, entrave à la pratique de la médecine, non-assistance à personne en danger, association de malfaiteurs

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Un cadre rassurant

Beaucoup voient les sectes comme des organisations nuisibles, avec un gourou tout puissant et des adeptes soumis. D'autres pensent qu'une secte n'est en fait qu'une croyance comme une autre, qu'il faut respecter au même titre que les religions reconnues par le pouvoir politique. Il n'est d'ailleurs pas toujours facile d'obtenir le label « officiel ». Les catholiques ont en outre longtemps considéré que les protestants appartenaient à la secte de Calvin et Luther.

En Belgique, il n'existe pas de liste de sectes. « Seules les infractions à la loi sont condamnables, explique Sandrine Mathen, licenciée en psychologie au Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN). Comme la fraude fiscale, l'exercice illégal de la médecine, les dommages à l'intégrité physique, la pédophilie ».

Jean-Claude Maes, psychologue à SOS-Sectes (lire p.4), ajoute : « Dans certains groupes, tout est fait pour que les délits soient réglés en interne. L'objectif étant de maintenir le groupe fermé. Et de préserver l'image ».

Pour Sandrine Mathen, les adolescents ne sont pas les cibles privilégiées des groupes sectaires, car ils disposent d'un faible pouvoir d'achat. Or, les sectes ont besoin d'argent, notamment pour assurer leur fonctionnement. « L'argent n'est toutefois pas le leitmotiv de toutes les sectes, poursuit Sandrine Mathen. Il faut aussi souligner que les ados sont mineurs et donc davantage protégés par la loi ».

Ces groupes visent donc plutôt les jeunes adultes qui commencent des études supérieures et découvrent une certaine autonomie. « Ceux-ci peuvent être plus réceptifs à des messages qui leur offrent un cadre, ajoute Sandrine Mathen. Certaines organisations proposent des règles de vie et des principes rassurants. Ces jeunes peuvent aussi être attirés par des communautés fraternelles ».

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Veronica, témoin de Jéhovah : « Je me sens protégée »

Les témoins de Jéhovah basent leur culte sur une lecture de la Bible « au pied de la lettre ». Ils vont régulièrement de porte en porte pour propager leur message. Chez nous, ce mouvement est communément considéré comme sectaire. Né aux Etats-Unis, il compte environ 23.500 adeptes en Belgique.

Beaucoup de jeunes grandissent au sein de cette organisation. Dès leur plus jeune âge, ils apprennent très tôt à étudier la Bible, au moins cinq heures par semaine. Ils accompagnent leurs parents de porte en porte. Ils adoptent un mode de vie assez stricte. Ils doivent s'habiller sobrement. Leur culte leur interdit de fêter Noël ou les anniversaires. Il leur est fortement conseillé d'éviter les relations sexuelles hors mariage, et même la masturbation. « Des religions officielles ont des principes moraux similaires », souligne Luca Toffoli, représentant de la congrégation chrétienne des témoins de Jéhovah.

Benjamin, Joachim, Roxane et Veronica ont entre 15 et 17 ans. Ils sont témoins de Jéhovah depuis l'enfance.

Ce n'est pas trop difficile de ne pas faire la fête avec les copains ?

Benjamin : « Quand je me compare à certains qui arrivent à l'école crevés, tellement ils se sont torchés le week-end, je suis content de ne pas être comme eux ».

Veronica : « On ne fume pas, on ne se drogue pas. Grâce à mon culte, je me sens protégée des tentations ».

Roxane : « Ce n'est pas si important, un anniversaire. Ma mère me dit : “Je me réjouis de ta naissance tous les jours” ».

Vous évitez les flirts ?

Joachim : « Il faut prendre le temps de réfléchir. On évite de s'embrasser pour ne pas que ça aille plus loin ».

Veronica : « C'est plus beau d'arriver pure au mariage. Et c'est une forme de protection. Et on choisira plutôt un témoin de Jéhovah. Pour avoir plus de choses à partager ».

Entre l'étude de la Bible et le porte-à-porte, votre culte occupe une bonne partie de la semaine Vous avez le temps de faire autre chose ?

Benjamin : « Je m'organise et ça ne m'empêche pas de faire aussi du sport, de voir mes copains, Témoins de Jéhovah ou non. Cela dit, c'est parfois difficile de faire du-porte-à-porte quand il pleut, ou en période d'examen ».

Roxane : « J'ai dû passer quelques jours à l'hôpital. J'étais un peu angoissée parce que mon “quota” de porte-à-porte, que je m'impose, allait diminuer ».

Roxane : « Je ne me sens pas différente. On a juste des principes qui nous protègent de faire de bêtises. Certains se moquent de nous et nous évitent. Mais ceux qui nous écoutent nous acceptent pour ce qu'on est. C'est comme quand une copine écoute du rock, alors que moi je préfère la musique classique ».

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« Je prêchais dans les parlophones »

Certaines personnes ont quitté les témoins de Jéhovah et dénoncent cette organisation. Comme Michèle Bastin, auteur du livre Du paradis à l'enfer, 23 ans chez les témoins de Jéhovah. Une de ses filles fait toujours partie du mouvement, une autre l'a quitté en même temps que ses parents.

Aujourd'hui âgée de 28 ans, celle-ci se souvient de son adolescence. « Je menais une double vie, explique Zhora. Je préparais les réunions, j'allais aux portes Petite, je prêchais dans les parlophones. Mais arrivée à l'école, je relevais mes jupes, j'allais me maquiller J'avais des petits copains en cachette.

Mais je me sentais coupable. La culpabilité, c'est la base de la manipulation. D'autant qu'une copine témoin de Jéhovah m'a dénoncée ».

Zhora a quitté l'organisation peu avant ses 17 ans. Elle a d'ailleurs fêté cet anniversaire, pour la première fois. « Nous étions au restaurant et on m'a amené un gâteau. Je me suis cachée sous la table tellement j'avais peur ! »

Son ami Benjamin a lui aussi grandi au sein des témoins de Jéhovah. « Moi, j'étais plus docile, explique-t-il. Je n'ai pas l'impression d'avoir été enfant, ni adolescent. Petits, on doit écouter, rester assis pendant des heures. Quand je faisais du porte-à-porte, j'avais peur de croiser un copain On nous déconseille aussi de faire trop d'études supérieures, pour nous consacrer au culte. Un prof voulait me les payer. J'ai refusé ».

Benjamin a fini par quitter l'organisation. « Ça n'a pas été facile parce que toute ma famille y était. Je n'avais pas de repères en dehors »

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« On leur promet l'autonomie, ils deviennent dépendants »

Jean-Claude Maes est psychologue, psychothérapeute et président de SOS-Sectes, une association qui vient en aide aux victimes de comportements sectaires et à leurs proches, à travers une écoute téléphonique, des consultations psychologiques ou des groupes de parole.

Vous parlez de « comportements sectaires » Oui, parce que le principe de « gourou » ne se limite pas aux sectes. Le phénomène de domination, de manipulation et d'emprise peut déjà apparaître entre deux personnes isolées, comme au sein d'un couple. Le comportement sectaire commence lorsque le « dominant » prend plaisir à faire souffrir et quand l'emprise devient la règle.

On dit que les personnes fragiles peuvent facilement être attirées par les mouvements sectaires. Et notamment les ados. Aucune croyance n'est critiquable en soit. On peut croire en Dieu, en Allah, en Jéhovah, aux Extraterrestres, en Freud Certains messages proposés peuvent apparaître séduisants, peut-être davantage que ceux présentés par les religions traditionnelles. Les ados ont souvent besoin de croire en quelque chose. Ils sont en recherche d'identité. La croyance est un moyen de se chercher. Et puis, à l'adolescence on est souvent plein d'idéaux, on veut changer le monde

Où est le piège, alors ? Quand quelqu'un se propose de vous offrir une identité, il faut se demander qui va y trouver le plus d'intérêt Au final, les jeunes se font arnaquer parce que ce qu'on leur propose est en fait à l'opposé de ce qu'ils vont recevoir. On leur promet l'autonomie, ils deviennent dépendants. La sphère privée n'existe quasi plus : les hésitations, les doutes, doivent être discutés en public. Et puis, on leur assure une certaine originalité, alors qu'ils deviennent des clones au sein du groupe sectaire.

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Petits plus...

- Le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN).Rue haute 139, 3e étage, 1000 Bruxelles. http://www.ciaosn.be

– SOS – Sectes. Rue Marconi 85, 1190 Forest (Bruxelles). www.sos-sectes.org

– Contact et information sur les groupes sectaires. 02-219.87.66. http://www.aggelia.be/enfants.html

– « Du paradis à l'enfer – 23 ans chez les temoins de Jéhovah » de Michèle Bastin, 2007, Jourdan Editeur

http://www.lesoir.be/supplements/swarado/le_dossier/des-sectes-qui-seduise-nt-et-2008-03-11-583372.shtml